La reconnaissance des territoires des populations autochtones et des communautés locales est devenue un enjeu central dans les débats contemporains sur la justice sociale et environnementale. Cette problématique revêt une importance capitale, non seulement pour la préservation des modes de vie traditionnels et de la biodiversité, mais aussi pour garantir les droits humains fondamentaux des populations concernées.
Malgré la reconnaissance internationale croissante de ces territoires et, plus largement, des droits qui y sont associés, notamment à travers des textes comme la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones, la mise en œuvre de ces principes reste fragmentaire et souvent symbolique. La reconnaissance juridique, politique et culturelle de ces territoires est essentielle pour protéger non seulement les terres, mais aussi l’identité, les modes de vie, les cultures et le droit à l’autodétermination des populations autochtones et des communautés locales.
C’est dans ce contexte que s’inscrit la recherche de terrain. L’objectif principal de cette étude était d’examiner les impacts de la reconnaissance – ou de l’absence de reconnaissance – des territoires villageois sur les populations locales gabonaises et de comprendre les influences de ces dynamiques. Les enjeux de cette recherche sont multiples et cruciaux : elle vise principalement à mettre en lumière les obstacles rencontrés par les communautés villageoises dans la reconnaissance de leurs droits territoriaux, au croisement des conflits fonciers, des pressions économiques et des défis juridiques.
L’expérience sur le terrain a été à la fois enrichissante et formatrice. Dès mon arrivée, j’ai été chaleureusement accueilli par les chefs de villages et les membres des communautés villageoises, ce qui a grandement facilité mon acclimatation et le bon déroulement de la recherche. J’ai eu l’opportunité de passer plusieurs semaines à vivre au rythme des villages, participant aux activités quotidiennes comme la chasse, la pêche, le travail dans les plantations et la collecte de plantes. J’ai également eu l’immense privilège de visiter plusieurs sites sacrés. Cette immersion m’a permis de mieux comprendre l’importance des territoires pour ces communautés, non seulement en tant que source de subsistance, mais aussi comme un élément central de leur identité culturelle et spirituelle.
J’ai également été témoin des défis auxquels ces populations sont confrontées, de la complexité des enjeux et des tensions entre les divers acteurs. Ces mois passés sur le terrain m’ont permis de mettre en évidence l’asymétrie de pouvoir entre les parties concernées et l’absence de mécanismes efficaces pour protéger les droits territoriaux des populations. J’ai recueilli la frustration et le sentiment d’injustice ressentis par les membres des communautés villageoises, ce qui a renforcé leur conviction de l’urgence d’une reconnaissance véritable et effective de leurs territoires.
Cette expérience de terrain m’a offert une perspective précieuse sur les enjeux complexes liés à la reconnaissance des territoires villageois au Gabon. Elle a révélé non seulement la richesse des savoirs et des pratiques locales, mais aussi les nombreux obstacles à surmonter pour garantir une reconnaissance effective des droits territoriaux. La reconnaissance de ces territoires n’est pas simplement une question de droit : elle nécessite une approche globale afin de garantir le bien-être et la survie des communautés villageoises, ainsi que la préservation de leur patrimoine bioculturel.