Martin Peikert

Dans le cadre de la rédaction de ce mémoire traitant de l’analyse de la décision lors des concours d’architecture en Suisse, j’ai pu participer à plusieurs processus de jury entre l’hiver et l’été 2023. Ces expériences m’ont permis d’étayer des hypothèses que j’avais formulées statistiquement. Les enjeux du travail de recherche étaient notamment :

  • L’identification du réseau qui porte la décision dans le cadre des concours d’architecture ;
  • L’identification des rôles spécifiques pouvant exister (juré, concurrent primé, non-primé, organisateur, président, suppléant, etc.) ;
  • L’identification des assemblages de rôles que constituent les acteurs par la mise en place de catégories (clusters d’affectations) ;
  • La description des interactions entre acteurs dans le cadre de la prise de décision.

Les prémices de mon travail gravitaient autour des chiffres, des corrélations, des moyennes relativement abstraites. L’incursion sur le terrain, au cœur de la décision des jurés, m’a fait comprendre un certain nombre d’aspects de la décision qui ne pouvaient pas être abordés par les chiffres. Notamment l’aspect d’aventure humaine que constitue la participation à un jury. Lors de ce processus qui peut durer parfois deux ou trois jours, les jurés passent des journées entières ensemble et éprouvent un grand nombre de situations parfois génératrices de stress ou d’émotions en raison des enjeux considérables. Vivre ensemble ce genre de situation aux côtés d’autres praticiens et non-praticiens peut créer des affinités potentiellement valorisables dans d’autres cadres, par exemple l’obtention de mandats directs, le recrutement comme juré dans des procédures futures, etc.

Outre la question des relations interpersonnelles, les expériences au sein des jurys m’ont permis de comprendre les méandres de la décision, la façon dont elle est construite par les différents régimes d’agentivité en présence. Ces informations sont inédites car souvent peu décrites dans les rapports du jury.

Les fonds de la bourse Argile ont été utilisés pour les déplacements de Lausanne à Genève et de Lausanne à Sierre à de multiples reprises pour les expériences de terrain suivantes :

  • Entretien semi-directif avec des organisateurs de concours ouvert ;
  • Observation passive dans le cadre de six jours de jugement pour un projet d’école ;
  • Observation active dans le cadre d’un jury pour la succursale d’une banque à Sierre.