Yannick Coiffier

En septembre 2021, je m’envole pour un travail de terrain de deux mois à Bafoussam, une ville importante de la région de l’Ouest-Cameroun. Un changement de sujet de mémoire de dernière minute m’entraîne vers ce pays d’Afrique subsaharienne dont je ne connais encore que très peu de choses. Je suis partagé entre le souci de bien faire et l’inquiétude de l’inconnu. L’idée de mon travail est d’identifier les différents enjeux liés au compost dans l’agriculture urbaine, dans le but d’encourager davantage son emploi. Pour cela, je dois effectuer des entretiens avec les agriculteurs, que je consigne au moyen d’un petit enregistreur portable acheté pour l’occasion. Je n’ai presque aucune expérience d’entretiens et la pensée de devoir les mener seul et dans ce contexte inédit me rend quelque peu nerveux.

Sur place, je suis accueilli au sein d’une ONG camerounaise, le CIPCRE (Centre International pour la Promotion de la Création) et loge dans un petit hôtel à dix minutes de moto-taxi. Le CIPCRE a l’habitude de travailler avec les agriculteurs, notamment sur les questions d’agroécologie. Seul problème : leur champ d’action se situe dans les villages alentours et ils ne connaissent donc que très peu d’agriculteurs urbains. J’effectue mes premiers entretiens avec les quelques contacts urbains de l’ONG puis me retrouve rapidement à court de personnes à interroger. L’idée me vient alors de contacter les responsables locaux du MINADER (Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural) afin d’obtenir les numéros de téléphone d’agriculteurs enregistrés auprès du ministère. Je me rends donc à la délégation départementale avec Jean-Marie, stagiaire au CIPCRE, qui se révélera être un précieux assistant de terrain mais aussi un ami et un guide passionné. La tâche n’est pas aisée et prend plusieurs jours d’allers-retours administratifs, mais nous finissons par obtenir les contacts des agriculteurs. De nombreux numéros ne sont plus valables et certaines personnes ne souhaitent pas participer, mais je dispose tout de même d’une base de données considérable qui me servira jusqu’au bout de mon travail de terrain. Les agriculteurs sont pour la plupart très ouverts et investis dans les entretiens. Ils semblent satisfaits de pouvoir exposer les difficultés qu’ils rencontrent, mais aussi leurs aspirations et leur vision personnelle de l’agriculture. Il y a bien quelques incompréhensions par moments, notamment par rapport à mon rôle et à mon statut, mais Jean-Marie est souvent là pour clarifier la situation. J’ai souvenir d’entretiens agréables avec des personnes intéressantes et parfois même touchantes.

Il est difficile de résumer deux mois d’aventures en quelques lignes et cette réflexion est par nature incomplète. Si je devais tout de même garder un seul enseignement de ce voyage, je pencherais pour l’apprentissage de l’adaptation. Au début, tout paraît difficile, impressionnant, voire même insurmontable. Une fois rentré, force est de constater que les souvenirs des difficultés rencontrées ne provoquent plus qu’un sourire amusé.

Photo 1: Bafoussam, route principale.

Photo 2: Plantation de choux dans un bas-fond.

Photo 3: Visite d’un jardin avec Jean-Marie.

Photo 4: Avec William, moto-taxi.