Choix résidentiel, capital spatial et gentrification
Manolo Galvani
En décembre 2019, l’agglomération transfrontalière du Grand Genève a inauguré le Léman Express, le plus grand réseau ferroviaire régional transfrontalier. L’augmentation de la fréquence et la diminution du temps de parcours ont favorisé l’accessibilité et la proximité dans l’agglomération. Le Léman Express a créé les conditions cadres pour faire revivre les espaces délaissés à proximité des gares. Mon mémoire a débuté par une balade autour des nouvelles gares de Genève et de Lancy, afin d’identifier des nouveaux quartiers construits sur des friches urbaines. La recherche est terminée une fois après avoir découvert deux nouveaux quartiers à Lancy : le quartier d’Adret-Pont Rouge (Photo 1 – Quartier économique de Pont-Rouge) et le quartier de la Chapelle (Photo 2 – Quartier de la Chapelle). Les deux nouvelles gares (Photo 3 – Gare de Lancy Pont-Rouge) et les deux quartiers ont immédiatement attiré mon attention pour la grandeur et les caractéristiques esthétiques des deux projets. Après la journée du terrain, j’ai fait de nombreuses recherches sur internet et j’ai interviewé deux observateurs clés pour mieux familiariser avec la réalité de la ville et des quartiers. Cette première approche m’a permis de formuler ma problématique, les enjeux, mes hypothèses et de réaliser le questionnaire. L’étape suivante a été la réalisation et la livraison des questionnaires. J’ai passé plusieurs jours à écrire manuellement les adresses sur les enveloppes, à coller les timbres et à emballer. Une fois terminé, je suis allé dans les deux quartiers pour livrer les lettres. Ce processus, parfois désagréable, m’as permis de collecter des nouvelles données en créant une « nouvelle base de données ». D’un côté, cette expérience m’a permis de me rapprocher avec la réalité d’une ville inconnue, de l’autre j’ai eu la satisfaction de tester une méthode de recherche ambitieuse. Enfin, le nombre de questionnaires récoltés a été suffisant pour conférer une légitimité quantitative et scientifique à la recherche. Les efforts déployés ont été donc récompensés par la réussite de la méthode.
En conclusion, l’objectif de cette recherche est de comprendre si l’amélioration du capital spatial et de la motilité provoquée par la construction d’une nouvelle ligne ferroviaire peut générer un processus de gentrification résidentielle dans de nouveaux quartiers à proximité du réseau. L’étude vise à comprendre comment les CSP+ s’approprient ces nouvelles potentialités spatiales afin d’enrichir leur capital spatial et d’assouvir leurs aspirations résidentielles. Enfin, nous réfléchirons si l’appropriation de ces potentialités spatiales est un effet de classe spécifique aux CSP+ ou plutôt un effet lié à la localisation des quartiers.